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Green Crossroads et le projet "Green Mauritius"

Dans le cadre des activités de Green Crossroads à l’Ile Maurice, nous sommes allés à la rencontre de son directeur, Thomas Poelmans, afin d'en savoir plus sur le lancement du projet « Green Mauritius ».


Voici un extrait de cet entretien :


Comment la collaboration entre Green Crossroads et l’Ile Maurice est-elle née?


La collaboration est née suite à un coup de fil de SOFRECO, l'un de nos partenaires stratégiques depuis quelque temps, . Ils avaient vu que l’Agence Française de Développement (AFD) recherchait un soutien d'expertise pour la mise en place d'un système de gestion des déchets électriques et électroniques (DEEE) à Maurice. La décision de répondre conjointement à cet appel d'offre avec SOFRECO a vite été prise et tant donné que j’ai assisté à la création de 15 entreprises de recyclage DEEE en Afrique et que Green Crossroads réalise actuellement un projet similaire en RDC.


Est-ce que les déchets électriques et électroniques représentent un grand problème à Maurice ?


Il est important de d’abord situer le contexte de l’Ile Maurice. Maurice est une île avec 1,3 millions d’habitants et ces habitants produisent à peu près 16 000 tonnes de déchets électroniques et électriques par an ce qui représente une quantité difficile à gérer notamment compte tenu de l’emplacement éloigné de l’île. Au départ, pour gérer leurs déchets, les autorités enfouissaient tout dans des décharges. Cependant, à présent les décharges sont pleines, d’où l’urgence de trouver des alternatives. En plus de cela, le gouvernement souhaite développer des solutions plus durables, d’où la demande d’appui pour développer une stratégie de gestion quant à ces déchets.


C’est donc le gouvernement qui a pris l’initiative de développer une filière de recyclage DEEE ?


En fait, pour être plus exact, c’est une collaboration entre le secteur public et le secteur privé. A Maurice, la chambre de commerce a été mandatée par le gouvernement pour développer un système de gestion des DEEE. Je trouve cette approche particulièrement intéressante car cela permet de combiner les atouts des deux parties. D'après moi, le fait d'intégrer les opérateurs économiques dans la mise en place d'une stratégie est vraiment un facteur clé pour parvenir à un système efficace et qui est, dès lors, soutenu par toutes les parties prenantes.


Comment vous y êtes vous pris pour réaliser cet objectif ?


Dans un premier temps, notre but était d’analyser la situation existante sur le terrain et c’est ce que nous avons fait. Tout d’abord nous avons regardé quelles étaient les quantités et les types d’équipements électriques et électroniques émis sur le marché comme des machines à laver, des frigos, des laves vaisselles, des ordinateurs, téléphones portables, etc.


Ensuite, lorsque nous avons identifié les importations, nous les avons quantifiés en tonnes de déchets produits annuellement. Car rappelons-le, ces équipements ont une certaine durée de vie ; une machine à laver, par exemple, dispose d'une durée de vie plus longue qu’un téléphone portable.


Ensuite, un état des lieux et un diagnostic quant au traitement actuel ont été effectués. Nous voulions savoir qui travaille dans la collecte et la gestion de déchets? S'il existait déjà un système de recyclage pour certains équipements? Si oui, comment s'effectuait ce recyclage? Quel était le potentiel de croissance à exploiter auprès de des entreprises de recyclage? Est-ce qu’elles disposaient de la capacité à traiter des quantités beaucoup plus considérables et en conformité avec les normes internationales ? ... Suite à cette analyse, il nous a été demandé de développer une stratégie nationale pour l’Ile Maurice. Pour résumer, notre stratégie se divise en trois composantes :


- L’aspect législatif à développer ; Etant donné qu’il existait déjà un projet de législation par rapport à la gestion des DEEE, nous avons peaufiné cette proposition de loi. Elle comprend, entre autres, l’introduction d’une contribution de recyclage qui sera payée par les consommateurs achetant un équipement électrique ou électronique. Pour illustrer mes propos, lors de l’achat d’un portable, le consommateur paiera un montant, disons par exemple 25 centimes, en plus du prix d’achat. Ces 25 centimes seront destinés à financer les opérations de collecte et de recyclage.


- L’aspect d'infrastructure à renforcer ; L’analyse des opérateurs de recyclage nous a amené à présenter un plan stratégique pour le développement d’une infrastructure de recyclage à l’Ile Maurice (le type d’usine, leur capacité, les équipements à utiliser, etc.)


- la mise en place d’une infrastructure capable de coordonner les opérations ; Cette infrastructure s’appellera « Green Mauritius », elle sera coordonnée et gérée par la chambre de commerce de l’Ile Maurice. Nous nous trouvons actuellement dans cette phase. L’objectif ici est de donner des recommandations très concrètes à savoir : Comment l'organisation de la gouvernance de « Green Mauritius» doit se mettre en place, qui doit/peut devenir membre et quels sont les droits et les obligations de ces membres, ect.


Nous sommes également en train de calculer le montant de cette fameuse contribution de recyclage. Pour se faire nous devons répondre à différentes interrogations ; Quel sera le budget nécessaire pour le fonctionnement de « Green Mauritius» ? Quel système sera mis en place pour assurer la traçabilité quant aux flux des matières et aux flux financiers ? Toutes ces questions se posent afin de s'assurer qu’il n’y ait pas de matières susceptibles de disparaitre et afin d'être certain de l'efficacité du projet mis en place.


Notons tout de même que ce n’est pas la première fois que nous réalisons un tel projet. Nous avons réalisé un projet similaire sur les DEEE en RDC, nous travaillons également sur le recyclage des emballages plastiques au Cameroun, le recyclage des épaves de voitures au Benin, etc. De plus, nous avons la chance d’avoir un grand réseau à la fois dans le secteur de recyclage et sur le continent Africain.


D'un point de vue plus concret, comment s'effectuera la collecte de DEEE ?


Le premier canal de collecte passe par les commerces. Ces établissement serviront de points de dépôt permettant aux personnes de venir déposer leurs anciens équipements électriques et électroniques. Les commerçants seront chargés d’accepter les anciens équipements. Nous allons introduire une incitation financière qui permettra aux commerçants d’offrir des réductions sur l’achat de nouveaux matériaux lorsque les anciens sont remis dans un point de dépôt.


Le deuxième canal de collecte passe par les villes et les districts qui créeront des points de collecte où les personnes pourront se débarrasser de leurs déchets électriques et électroniques.


Le troisièmes canal de collecte passe par des stations de transfert de déchets déjà existantes. Ces stations permettront aux gens qui ont beaucoup de déchets et aux entreprises d’aller les déposer à cet endroit.


Finalement, Green Mauritius soutiendra des ONG qui veulent développer des centres de réutilisation. Ces centres permettront de donner une deuxième vie aux équipements et ces derniers pourront ensuite être revendu à un prix réduit.


Green Mauritius sera donc responsable de la gestion de la chaîne d’approvisionnement ?


Oui, le but de la chaîne d’approvisionnement que va mettre en place « Green Mauritius » sera d’harmoniser la collecte. « Green Mauritius » devra également organiser le transport des déchets vers l’usine de recyclage afin que ceux-ci soient recyclés. La gestion des flux financiers sera également sous la responsabilité de Green Mauritius.


Le système de gestion est basé sur le principe de la « responsabilité élargie du producteur ». Ce principe stipule que celui qui met un produit sur le marché a la responsabilité de faire en sorte que ce produit soit collecté et recyclé afin qu’il n’y ait pas, plus tard, des effets nocifs sur l’environnement et la santé. Les producteurs-importateurs feront ce travail ensemble en devenant membres de Green Mauritius. Il est important de souligner qu’il s’agit donc bien du secteur privé qui prend sa responsabilité environnementale et qui travaille main en main avec le gouvernement.


Comment vous êtes-vous spécialisé dans ce domaine qui est tout de même très ciblé ?


J’ai commencé à travailler sur l’Afrique lorsque j'occupais un poste chez Deloitte. En fait, j'ai développé un service de conseil (p.ex. audit, gestion de risques et de projet) pour les organisations actives dans les pays émergents (PED). Ensuite, je suis devenu directeur de projet pour l’organisation WorldLoop reconnue internationalement dans la gestion des DEEE. Là-bas, j’ai soutenu la création de 15 entreprises de recyclage pour les DEEE. Avec Green Crossroads, nous avons élargis notre domaine de spécialisation en combinant mon expérience personnelle avec celle d'un réseau d’experts compétents dans le domaine du recyclage et des énergies renouvelables.


Avec Green Crossroads, nous avons effectué une mission similaire à celle de Maurice en RDC. Nous travaillons également dans la collecte et le recyclage des plastiques au Cameroun, ainsi que sur la collecte et le recyclage des épaves de voitures au Bénin.


Nous souhaitons étendre notre offre de services dans plusieurs pays. Notre expérience et nos missions nous ont permis de construire une boite à outils que nous pouvons facilement adapter en fonction du pays dans lequel nous travaillons. Nous avons récemment entrepris la création d'une brochure pour nous permettre de partager notre expérience avec d’autres pays d’Afrique et d’Amérique.


Quel est votre leitmotiv par rapport à ce projet ?


Notre leitmotiv c’est que notre planète soit conservée et que les Pays Emergents et les Pays en voie de Développement puissent mettre en place des systèmes efficaces et rentables quant à la gestion de leurs déchets. Je vois que le secteur privé est prêt à prendre en main ce challenge dans plusieurs pays et avec le soutien d’un cadre légal et d'une politique environnementale forte cela devrait conduire à un environnement propre, une planète saine et une bonne santé pour les humains, la faune et la flore.




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